Lancée le 8 octobre, au dernier jour du salon Rénodays, l’association Stop Fraudes veut frapper fort. Son objectif : unir les forces publiques et privées pour mieux traquer les escrocs qui gangrènent la rénovation énergétique.

Sur la grande scène du salon Rénodays, ce mercredi 8 octobre, deux députés, deux acteurs de la rénovation et un représentant de l’État font face à un public dense, curieux, attentif. Et pour cause : le sujet brûle. En 2024, près de 200 millions d’euros de fraudes aux CEE ont été déjoués — une goutte d’eau sur les 6 milliards d’euros investis dans l’année. Même constat du côté de MaPrimeRénov’, où 229 millions d’euros de fraudes ont été évités. Autant dire que le secteur reste une proie facile pour les filous. D’où la naissance de cette nouvelle arme collective : l’association Stop Fraudes.

Passer à l’offensive

À l’origine du projet, Franck Annamayer, ancien président du délégataire CEE Sonergia. Pour lui donner du poids, il a convaincu Lionel Causse, député des Landes, d’en prendre la présidence.
« Nous voulons garantir que chaque euro parte vraiment dans la rénovation énergétique, a-t-il affirmé. Nous préférons agir et proposer, plutôt que subir les manœuvres des fraudeurs. »
À ses côtés, Marjolaine Meynier-Millefert, ex-députée et présidente de l’Alliance HQE-GBC, endosse la vice-présidence. « Il faut une mobilisation forte des acteurs privés, martèle-t-elle. La fraude fragilise tout le monde : les politiques publiques comme les professionnels de terrain. »

Nommer le mal pour mieux le combattre

Du côté des acteurs privés, Florence Lyevin, présidente du GPCEE et directrice des affaires publiques de Sonergia, pose le cadre : « Encore faut-il savoir de quoi on parle. La fraude, ça va de l’usurpation d’identité à des montages plus subtils. »
Mais surtout, elle pointe un tabou : « Quand les délégataires CEE se font piéger, ils n’en parlent pas. L’État non plus. Il y a une forme de honte. Et c’est exactement ce dont les fraudeurs profitent. » Résultat : un escroc démasqué ici peut facilement aller frapper à une autre porte, ailleurs.
Et le constat est sans appel : « La fraude s’est installée durablement dans le système. Si on ne réagit pas, elle pourrait mettre fin au programme CEE. »

Faire circuler l’information

L’association a ainsi pour but de coordonner les acteurs privés, faire circuler l’information entre eux tout en anonymisant les informations à leur niveau, devenir une passerelle entre les acteurs publics et privés, et enfin mettre en place des dispositifs d’action pour démasquer et contrer les fraudeurs.

« On ne peut pas vous dire ce qu’on va faire, a prévenu Marjolaine Meynier-Millefert, sinon les fraudeurs s’adapteraient. » Cependant, Franck Annamayer a tout de même précisé que l’association « commandera des études précises, notamment pour faire des portaits robot des fraudeurs et connaître précisément leurs modes opératoires ». Puis, « nous voulons mettre en place des algorithmes qui détectent en amont les fraudeurs, afin que les délégataires CEE soient alertés », a ajouté le fondateur de l’association.

Pour Simon Huffeteau, coordinateur du plan de rénovation énergétique des bâtiment au ministère de la transition écologique, et figure de l’Etat sur scène, « c’est une excellente idée que l’Etat doit soutenir ».

Reste à maintenant constituer l’association Stop Fraudes, qui cherche des adhérents, et à fédérer tous les acteurs de la rénovation énergétique, c’est-à-dire architectes, financeurs, mais aussi artisans du bâtiment, les premiers touchés par ce fléau qui détruit leur réputation.