Après la suspension brutale de MaPrimeRénov’, qui avait mis le feu aux poudres dans le secteur du bâtiment, le Gouvernement amorce un virage stratégique. Monogestes rétablis, budget sécurisé, parcours simplifié : les mesures annoncées ce 17 juin par la Ministre chargée du Logement reprennent largement les propositions défendues de longue date par la Capeb. Une victoire d’étape pour l’organisation, qui exige désormais des actes.
Le 5 juin dernier, la colère des artisans du bâtiment montait d’un cran : sans préavis, l’État annonçait la suspension du dispositif MaPrimeRénov’. Une décision jugée incompréhensible, à contre-courant de l’objectif affiché de massifier la rénovation énergétique. La Capeb a immédiatement réagi, dénonçant une gestion chaotique et exigeant des réformes concrètes. Dix jours plus tard, après une concertation menée tambour battant, la Ministre déléguée au Logement a annoncé une série de mesures qui valident largement les propositions de la Capeb.
Première avancée : le maintien des monogestes dans le parcours de rénovation. Alors que l’État misait tout sur des rénovations globales, jugées plus efficaces sur le plan énergétique, la Capeb a rappelé que les gestes simples – changement de chaudière, isolation d’un mur ou de combles – constituent l’essentiel de l’activité des artisans et un levier réaliste pour les ménages modestes. Le Gouvernement a fini par reconnaître leur efficacité et leur nécessité, les réintégrant dans le dispositif.
Deuxième victoire : la sécurisation du budget 2025 pour MaPrimeRénov’. Alors que planait le spectre d’une coupe budgétaire, la Capeb a obtenu le maintien du niveau de financement. Elle a également appelé à lancer rapidement les concertations pour 2026, insistant sur le besoin de visibilité pour les entreprises.
Une rénovation plus lisible, plus juste, plus accessible
Troisième annonce : la création d’un parcours de rénovation par gestes. La Capeb plaidait depuis des mois pour un modèle lisible, simple, adapté aux réalités de terrain, tant pour les artisans que pour les particuliers. Ce nouveau parcours viendra compléter celui de la rénovation globale, souvent trop lourd à mettre en œuvre pour les TPE et peu adapté aux besoins immédiats des clients.
Autre avancée majeure : une voie d’accès simplifiée à la qualification RGE, indispensable pour faire bénéficier les clients des aides publiques. Jugée trop complexe, coûteuse et peu adaptée aux petites structures, la procédure sera désormais allégée grâce à un contrôle a posteriori des chantiers, une demande de longue date de la Confédération.
Enfin, le Gouvernement s’engage à faciliter la constitution de groupements momentanés d’entreprises. Une mesure stratégique pour permettre aux artisans de différents corps de métiers de répondre ensemble aux marchés de rénovation, en proposant une offre complète et cohérente.
Pour Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, il s’agit d’“avancées significatives pour l’artisanat du bâtiment, les ménages et la transition environnementale”. Il salue “la reconnaissance du travail de fond mené depuis des mois” et assure que la Capeb restera “intransigeante quant à la mise en œuvre effective de ces mesures”.
La Confédération l’assure : ce n’est pas le moment de baisser la garde. C’est maintenant, sur le terrain, que se joue la crédibilité d’un dispositif refondé. Pour les artisans, la transition écologique n’est pas un slogan : c’est une réalité de chantier, d’emploi, d’engagement. Et ils comptent bien que l’État tienne ses promesses.
Dominique PARRAVANO






















