Promesses non tenues, aides gelées, entreprises étranglées : la colère gronde dans le secteur de la rénovation énergétique. Ce lundi 12 mai, artisans, mandataires et autres professionnels de la rénovation énergétique ont crié leur détresse devant le siège de l’Anah. Derrière les façades haussmanniennes, un silence assourdissant. Derrière les chiffres officiels, des trésoreries à l’agonie. MaPrimeRénov’ est-elle en train d’asphyxier ceux qu’elle prétendait soutenir ?

Les banderoles sont restées dehors, les portes fermées. Lundi dernier, une manifestation a eu lieu devant le siège de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) pour dénoncer les délais de paiement interminables du dispositif MaPrimeRénov’, qui soutient financièrement la rénovation énergétique. Plusieurs dizaines de salariés, artisans et particuliers se sont rassemblés pour exprimer leur exaspération face à des délais jugés insupportables. Thierry Flak, à la tête de l’entreprise Home Expert Habitat, a alerté sur une situation critique : son entreprise attend 800 000 euros de subventions, et plusieurs autres entreprises risquent la faillite en raison de cette lenteur administrative. Selon les professionnels du secteur, les délais d’instruction des dossiers et de versement des aides peuvent s’étirer sur plusieurs mois, avec des délais moyens de paiement dépassant les 270 jours, un véritable gouffre pour les trésoreries fragiles des petites entreprises.

L’Anah conteste 

L’Anah a réagi aux contestations, affirmant que les délais moyens d’instruction et de paiement étaient beaucoup plus courts (35 jours pour le paiement et 105 jours pour l’instruction). Toutefois, elle reconnaît que les contrôles renforcés, notamment pour lutter contre les fraudes, peuvent allonger ces délais. Cette situation crée une tension croissante, avec de nombreuses entreprises se retrouvant dans l’incapacité de rembourser les frais avancés pour leurs clients, tandis que les particuliers attendent depuis des mois les primes promises. L’avocate Joyce Pitcher, qui suit près de 2 600 dossiers de contestation, indique que de nombreux clients et mandataires sont en litige avec l’Anah, souvent en raison de retards ou de retraits d’aides.

Malgré les arguments de l’Anah, qui défend la rapidité de son action dans 98% des cas, la colère monte dans le secteur de la rénovation énergétique, où la crise des délais met en péril la pérennité de nombreuses entreprises et freine l’ambition de la transition énergétique.

Dominique PARRAVANO