Christophe Deffreix est un homme curieux, que les hasards de la vie professionnelle ont conduit vers l’artisanat du bâtiment pour le mener très vite à maîtriser l’art de la couverture en lauze. Confidences d’un artisan qui a tout appris de la technique par l’observation !

Fils d’un père artisan maçon, à 28 ans, Christophe Deffreix crée son entreprise et rachète le matériel de son père, alors proche de la retraite. Ce dernier accompagne son fils qui jusqu’alors avait entrepris des études et une carrière sans lien avec le bâtiment. Homme de terrain, Christophe Duffreix se plaît à apprendre le métier de maçon-charpentier-couvreur aux côtés de son père.

 Christophe Deffreix est un homme curieux, que les hasards de la vie professionnelle ont conduit vers l’artisanat du bâtiment pour le mener très vite à maîtriser l’art de la couverture en lauze. Confidences d’un artisan qui a tout appris de la technique par l’observation ! Observer pour apprendre

Dès ses premiers chantiers, Christophe Deffreix s’est vu confier la rénovation de toits en lauze, typiques du bâti ancien ardéchois et cévenol. « N’étant pas formé, mais curieux de découvrir cette technique ancestrale avec l’envie de préserver le patrimoine local, j’ai sollicité des prestataires artisans lauziers que j’ai accompagnés sur mes chantiers. C’est en les observant que j’ai appris ce métier sur le tas », confie-t-il. L’apprentissage de l’artisan l’a très vite conduit à privilégier la rénovation totale plutôt que de procéder à des réparations. « Raccommoder un toit qui fuit est trop périlleux. Il est préférable de tout remplacer. » L’artisan poursuit : « À l’époque, en Ardèche, les toits en lauze étaient constitués d’un voligeage recouvert de terre argileuse sur laquelle reposait la lauze. Les propriétaires avaient pour habitude d’entretenir leur couverture en remplaçant une lauze cassée ou en remontant une autre qui avait glissé. Avec le temps, l’entretien ne se faisait plus, d’où l’intérêt aujourd’hui de repartir avec une couverture neuve afin d’être sûr d’éliminer d’éventuelles fuites qui n’auraient pas été repérées lors d’une réparation. »

« Tous les ans, nous traitons en moyenne deux chantiers de couverture en lauze d’environ 100 m2 chacun »

 Christophe Deffreix est un homme curieux, que les hasards de la vie professionnelle ont conduit vers l’artisanat du bâtiment pour le mener très vite à maîtriser l’art de la couverture en lauze. Confidences d’un artisan qui a tout appris de la technique par l’observation ! Une mise en œuvre cinq fois plus longue

Privilégiant les chantiers d’ampleur notamment sur des bâtiments du patrimoine, du haut de ses 58 ans, Christophe Deffreix devenu expert de la lauze, s’est « taillé » une solide réputation lui permettant de déployer son équipe de sept salariés dans un rayon de seulement 20 km. Principalement tournée vers la pierre, (ventilation de l’activité : 1/3 maçonnerie, 1/3 couverture, 1/3 second œuvre), l’entreprise réalise des extensions, des ouvertures, des murs de structure, des couvertures (lauze, ardoise…), etc. « Tous les ans, nous traitons en moyenne deux chantiers de couverture en lauze d’environ 100 m2 chacun. Contrairement à une toiture en tuile, la mise en œuvre d’un toit en lauze demande quatre à cinq fois plus de temps. C’est d’autant plus long qu’après la dépose, il est nécessaire de créer un caisson à double voligeage dans lequel se trouvent les pointes des clous pour qu’elles ne soient pas apparentes sous les rampants », explique Christophe Deffreix. Il précise qu’aujourd’hui les lauziers n’utilisent plus de terre et que les pierres sont clouées directement sur le voligeage entre lesquels un écran de sous-toiture prend place.

Pénurie de pierre : recycler la matière première

Mais la matière première se fait rare sur le territoire et il y a plus de demandes de rénovation que de lauziers dans certaines parties du territoire. Ce qui pousse, entre autres, les particuliers à remplacer leur toit en lauze par de la tuile. « Il n’y a plus de carrières de lauze en Ardèche. Pour répondre à la demande, je récupère toutes les lauzes déposées par des confrères », témoigne Christophe Deffreix. Il nous révèle avoir mis au point une technique de taille mécanisée dans son atelier pour recycler la pierre : « Sur un toit en lauze, le pureau n’est pas le même de l’égout au faîtage. Les pierres peuvent avoir jusqu’à une quinzaine de tailles. Le plus grand pureau pouvant être de 40 cm tandis que le plus petit peut présenter une dimension de 10 cm. Lorsque je recycle de la lauze, je la recalibre en retaillant notamment les trois chants qui seront apparents, avant de les stocker », conclut l’artisan.

Thomas Peixoto