Avec une progression de l’activité de 3,5 % au quatrième trimestre 2021, l’artisanat du bâtiment enregistre en 2021 une croissance annuelle de 12,5 % (après un recul de 9 % en 2020) et une hausse de 2,5 % par rapport à 2019. Ces résultats viennent corroborer la dynamique de croissance observée sur les trois précédents trimestres. Cette croissance est majoritairement portée par les travaux d’entretien-amélioration avec une hausse de 4 % pour le trimestre et de 14 % en volume sur l’ensemble de l’année 2021.

Ces chiffres s’inscrivent dans le contexte d’un redémarrage soutenu de l’activité en 2021 malgré les conséquences de la crise sanitaire qui a conduit notamment à de fortes augmentations des coûts mais également à des difficultés d’approvisionnement des matériaux. Ainsi, selon une enquête menée par la Capeb en décembre 2021, près de 60 % des entreprises déclarent subir des difficultés d’approvisionnement. Entre juillet et décembre 2021, la part des entreprises déclarant des difficultés d’approvisionnement s’est ainsi accrue de 7 points confirmant l’installation dans la durée de ces difficultés. Les entreprises du bâtiment font face également à une hausse moyenne de 18 % des prix des matériaux. Enfin, même si la Capeb estime la croissance de l’artisanat du bâtiment entre 2 et 3 % pour l’année 2022, elle appelle néanmoins à la prudence car les entreprises devront encore en 2022 anticiper et gérer les risques liés aux difficultés d’approvisionnement avec une hausse durable des coûts sans oublier l’impact sensible de la crise sanitaire qui désorganise les entreprises.

Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, commente : « L’année 2021 s’est achevée sur une note très positive pour l’ensemble du secteur de l’Artisanat du bâtiment avec une activité supérieure de 2,5 % en volume à celle que nous avions connue en 2019. C’est la preuve que les entreprises artisanales ont encore su s’appuyer sur leurs capacités d’adaptation et d’agilité pour répondre à la demande. Comme au trimestre précédent, c’est le secteur de l’entretien-amélioration qui tire la croissance et notamment les travaux d’amélioration de la performance énergétique bien soutenus par MaPrimeRénov’ et les CEE. »

Une réserve de travaux importante

L’activité du bâtiment continue donc d’être portée par une réserve de travaux importante à réaliser et d’un flux de commandes en provenance des particuliers qui ne fléchit pas. Cette hausse de l’activité est principalement stimulée par la croissance enregistrée en entretien rénovation de + 4 % au quatrième trimestre 2021. Les travaux d’Amélioration de Performance Énergétique du Logement progressent quant à eux de + 4,5 %. L’activité dans l’ancien bénéficie à l’évidence du redressement de la conjoncture économique et des aides gouvernementales au secteur, en particulier dans le domaine de la rénovation énergétique avec « MaPrimeRénov’ ».

L’activité de la construction neuve présente une croissance de + 3 % au quatrième trimestre, soit une croissance annuelle de + 11 % en 2021, notamment soutenue par une hausse des mises en chantier de logements (entre 390 000 et 391 800 à fin novembre sur 12 mois cumulés au quatrième trimestre 2021 contre 350 000 au quatrième trimestre 2020).

Evolution dans les métiers

Sur les trois derniers mois de l’année 2021, le volume d’activité progresse entre +3 et +4 % pour l’ensemble des corps de métiers. La maçonnerie et l’électricité enregistrent la croissance la plus dynamique avec +4 %, tandis que la hausse atteint + 3,5 % pour la menuiserie-serrurerie. Avec une croissance de +3 %, l’aménagement-décoration-plâtrerie et la couverture-plomberie-chauffage connaissent une progression plus modérée.

Emploi et intentions d’embauche

En janvier 2022, le nombre d’entreprises souhaitant embaucher est toujours largement supérieur au nombre d’entreprises envisageant de licencier ou de ne pas renouveler des contrats (seulement 1 % des chefs d’entreprise envisagent de licencier ou de ne pas renouveler les contrats au premier semestre 2022). 80 % des entreprises prévoient de maintenir l’emploi à son niveau actuel au premier semestre 2022 (contre 91 % au premier semestre 2021). Près de 2 entreprises sur10 (19 %) pensent embaucher des salariés supplémentaires, contre 6 % un an auparavant. A noter que ces intentions d’embauche concernent aussi bien des remplacements (départ en retraite, CDD…) qu’un surcroît d’activité.

Une situation de trésorerie qui s’améliore

11 % des professionnels font état d’une détérioration de leur trésorerie au quatrième trimestre (contre 26 % au même trimestre de l’année précédente) et 11 % une amélioration. Dans le même temps, 9 % des entreprises font état de besoins de trésorerie (contre 22 % au même trimestre de l’année précédente) et 64 % d’entre elles déclarent un besoin supérieur à 10 000 €. Le montant moyen des besoins de trésorerie de ces entreprises atteint 20 000 € (contre 16 000 € un an auparavant).

Dynamique territoriale (activité en régions)

Au cours du quatrième trimestre, les évolutions régionales s’avèrent relativement homogènes, comprises entre 3 et 4 %. Ainsi, les régions Bretagne, Grand Est et Nouvelle-Aquitaine se distinguent par une progression sur un an un peu plus soutenue (+ 4 % contre 3,5 % en moyenne nationale). A l’inverse, l’Île-de-France et la Normandie enregistrent des hausses plus modestes (+3 %).

En complément :

  • les carnets de commande représentent 91 jours au quatrième trimestre, soit une progression de 19 jours par rapport à la même période de l’année précédente, mais 12 jours de moins qu’au troisième trimestre. Toutefois, après le pic de 111 jours enregistré au deuxième trimestre, le troisième trimestre avait commencé à marquer une inflexion qui se confirme donc en fin d’année. Les perspectives des carnets de commandes sont légèrement moins favorables en entretien-rénovation et en construction neuve, quelle que soit la taille des entreprises ;
  • détérioration des marges : au quatrième trimestre 2021, 22 % des entreprises déclarent une baisse de leurs marges, contre 7 % une hausse, soit un solde d’opinions de – 15 points, en baisse par rapport au trimestre précédent (- 9 points) et en hausse par rapport au quatrième trimestre 2020 (- 18 points) ;
  • hausse des interventions en sous-traitance : la proportion d’entreprises intervenant en sous-traitance s’est sensiblement redressée en fin d’année (15 %) et retrouve des niveaux comparables à ceux des deux dernières années, signe d’un retour à une activité plus classique ;
  • part de l’activité pour les collectivités territoriales : la part des entreprises artisanales qui travaillent pour le compte du secteur public continue de se contracter : 11 % ce trimestre contre 28 % il y a deux ans. Face à un afflux de travail devenu structurel, les entreprises donnent la priorité à la demande en provenance des particuliers et du secteur privé (entreprises, commerces, etc.).

Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, ajoute : « Ce trimestre encore la forte hausse des coûts et les difficultés d’approvisionnement des matériaux ont fortement perturbé l’activité des entreprises. Nous savons maintenant que les hausses des coûts ne sont plus seulement conjoncturelles. J’ajoute d’ailleurs que les coûts de l’énergie se sont mis eux-aussi rapidement à augmenter, ce qui constitue une difficulté supplémentaire pour nos entreprises, sans oublier les surcoûts liés à la décarbonation d’un certain nombre de process de fabrication (ciment, tuiles, etc.). »

 

Perspectives pour 2022

Pour l’année 2022, la croissance de l’activité de l’artisanat du bâtiment est estimée entre 2 et 3 %. Elle demandera aux entreprises d’anticiper au maximum et de gérer au quotidien les risques liés aux conditions d’approvisionnement et d’augmentation de l’inflation. L’année 2022 sera également marquée par des incertitudes importantes du fait des échéances électorales et de l’évolution de la crise sanitaire.