L’édition 2019 du baromètre ISM-MAAF de l’artisanat qui évalue l’implication des entreprises artisanales dans la formation des apprentis met en exergue une hausse des entrées en apprentissage (apprentis inscrits en 1ère année) de 3 % et de 51 % pour les apprentis de plus de 25 ans avec une bonne dynamique territoriale dans l’Ouest de la France.

Le gouvernement en a fait un de ses chevaux de bataille : relancer l’apprentissage en France pour répondre au besoin de main d’oeuvre et à la pénurie de main d’oeuvre dans certains métiers. Dans son dernier baromètre, l’Institut supérieur des métiers (ISM), en partenariat avec la Maaf, publie les chiffes de l’apprentissage pour l’année scolaire 2017-2018. L’apprentissage retrouve des couleurs avec une progression de 3 % sur un an. La surprise vient surtout des apprentis de plus de 25 ans. Pour cette catégorie, les effectifs ont progressé de 51 % suite à l’entrée en vigueur au 1er janvier 2019 de la loi « pour la Liberté de choisir son avenir professionnel » qui permet d’entrer en apprentissage jusqu’à 30 ans, contre 25 ans auparavant. Cette réforme commence ainsi à porter ses fruits, corroborant une reprise qui se confirme sachant qu’entre 2012 et 2017 le nombre d’apprentis avait chuté de 13 %.

« L’apprentissage séduit de plus en plus de jeunes, tous niveaux confondus. Nous avons par exemple constaté que le nombre d’apprentis inscrits à des diplômes de niveau de l’enseignement supérieur – BTS, Licence, Master – connaît une progression de 9 % contre 2 % pour le nombre d’inscrits à des diplômes de niveaux Bac, BP et CAP » souligne Bruno Lacoste-Badie, directeur Marketing et Communication de MAAF.

Sur un total de 430 000 apprentis scolarisés en France, les entreprises artisanales forment 145 000 apprentis, soit un tiers (34 %) de l’ensemble des apprentis comptabilisés au plan national. “En 2017-2018, les effectifs augmentent avec 75 370 apprentis ayant démarré un diplôme pour 147 200 apprentis au total dans l’artisanat”, précise l’étude.

L’Ouest de la France et les petites et moyennes villes en tête du peloton

En 2017-2018, les inscriptions dans l’apprentissage repartent plus fortement à la hausse dans les régions Pays de la Loire (+ 12 %) et Nouvelle-Aquitaine (+ 8 %), suivies par les régions Hauts-de-France (+ 6 %). Occitanie (+ 6 %), Bretagne (+ 5 %) et Normandie (+ 4 %). A contrario, la dynamique est moins bonne en Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Ile-de-France.

L’évolution du nombre d’apprentis varie également selon le type de territoire : si les effectifs continuent de reculer dans l’unité urbaine de Paris, ils se redressent dans les communes rurales et dans les petites et moyennes agglomérations.

Les petites et moyennes agglomérations comptabilisent le plus fort ratio du nombre d’apprentis par entreprise. On compte en moyenne 1 apprenti pour 6 entreprises artisanales dans les petites et moyennes agglomérations, contre 1 apprenti pour 8 entreprises dans les grandes agglomérations et 1 pour 9 dans les communes rurales. Le taux est plus faible dans l’unité urbaine de Paris (1 apprenti pour 13 entreprises).

« La dynamique d’évolution de l’apprentissage dépend de très nombreux facteurs : dans certaines régions, comme les Pays de la Loire et la Normandie, la formation par apprentissage est très ancrée historiquement dans les pratiques et la culture régionale, au contraire des régions méditerranéennes par exemple. La conjoncture économique est un autre facteur (elle est meilleure ces dernières années dans les régions de la côte atlantique), mais comment expliquer alors le décrochage de l’apprentissage en Ile-de-France ? Entrent en jeu ici d’autres facteurs comme la sociologie des grandes agglomérations (les emplois et métiers d’ouvriers y sont de moins en moins nombreux). La moindre proximité de l’offre de formation et les contraintes de mobilité peuvent également freiner le développement de l’apprentissage (en Ile-de-France comme dans les communes rurales). Un dernier facteur est le volontarisme des politiques régionales : deux régions seulement affichent un nombre d’apprentis supérieur à ce qu’il était en 2012 : les Hauts-de-France et les Pays de la Loire » précise Catherine Elie, Directrice des études et du développement économique de l’ISM.

Les apprentis formés aux métiers du patrimoine bâti en hausse

6 150 jeunes apprentis sont formés aux métiers du patrimoine bâti. Le nombre de jeunes formés à ces métiers a baissé entre 2012 et 2016 (ils étaient près de 8000 en 2012), une tendance alors générale au secteur de la construction. Les effectifs d’apprentis formés aux métiers du patrimoine bâti repartent cependant sensiblement à la hausse en 2017-2018 (+ 1 %). Si les apprentis couvreurs et charpentiers sont susceptibles d’intervenir sur tous types de chantier, certains métiers sont spécifiquement patrimoniaux et rares, comme les vitraillistes.