Selon la cinquième édition de l’Observatoire des formations à la prévention des entreprises artisanales du BTP : « Dans un contexte de légère baisse de la formation continue dans l’artisanat du BTP, une formation sur deux est liée à la prévention (49 %) et majoritairement à la conduite d’engins, au travail en hauteur, au secourisme et à l’électricité. Si ces chiffres sont encourageants, l’observatoire révèle aussi une relative inadéquation entre les formations suivies et les accidents du travail/maladies professionnelles ainsi qu’une disparité toujours trop importante entre salariés et chefs d’entreprise, 16 % d’entre eux seulement ayant suivi une formation à la prévention en 2016. »

La prévention, premier domaine des formations suivies

Avec 67 255 actifs formés en 2016, les formations à la prévention repassent en première place avec 49 % des formations suivies (contre 41 % en 2015). Accusant une baisse, les formations techniques occupent la deuxième place du podium (38 % des formations). Les formations à la gestion progressent également par rapport à 2015 et se classent en troisième position (13 % des formations suivies).

Léger recul de la formation continue dans l’artisanat du BTP

La formation continue dans l’artisanat du BTP connaît une légère baisse par rapport à 2015. Ce recul s’explique par une baisse de fréquentation des formations techniques, avec notamment une diminution des formations qui permettent d’obtenir une qualification RGE.

Des disparités entre les chefs d’entreprise et les salariés

Les chefs d’entreprise artisanale du BTP privilégient les formations techniques (78 %) aux formations à la prévention (16 %). Les salariés, quant à eux, suivent davantage les formations à la prévention (57 %) que les formations techniques (28 %). Ceci s’explique, selon toutes vraisemblances, par l’obligation générale de formation à la sécurité des salariés par les chefs d’entreprise.

Une forte progression des formations liées au secourisme

Ces dernières enregistrent, en effet, une progression de 39 %, soit 11 794 formations en 2016. Elles se placent en deuxième position, après les formations à la conduite d’engins (26 %, soit 17 755 stagiaires en 2016). Les formations travail en hauteur (+ 19 %), conduite d’engins (+ 13 %), électricité (+ 12 %) et amiante (+ 11 %) connaissent également une hausse par rapport à 2015. Les formations relatives aux contraintes physiques, à la gestion de sécurité ou encore aux explosions et incendies, quant à elles, se stabilisent.

Une cohérence à renforcer entre les formations sécurité suivies et les accidents du travail/maladies professionnelles

Malgré des chiffres encourageants en matière de suivi des formations sécurité, l’Observatoire révèle un écart significatif entre la principale cause des accidents du travail et maladies professionnelles et les thématiques suivies par les professionnels. Des chiffres à déplorer, car les contraintes physiques représentent, par exemple, un enjeu majeur pour améliorer les conditions de travail sur les chantiers. Rappelons, en effet, que les manutentions manuelles représentent la première cause d’accidents du travail et les TMS constituent la première cause de maladies professionnelles pour l’ensemble des métiers du BTP.

De fortes disparités hommes-femmes et en termes d’âge

L’observatoire révèle que 98 % des stagiaires formés à la prévention sont des hommes. Les femmes, qui représentent pourtant 8 % des actifs du BTP, sont sous-représentées dans les formations à la prévention (2 %) et ce, malgré une féminisation progressive des métiers.
Comme les années précédentes, les stagiaires âgés de 20 à 40 ans restent les plus impliqués dans les formations à la prévention (61 %). A l’inverse, la tranche d’âge « 51 ans et plus » présente un écart négatif important par rapport à sa valeur de référence (14 % de présence aux formations alors qu’ils représentent 28 % des actifs du BTP).

Un suivi des formations à la prévention en hausse pour la majorité des métiers du BTP

Les métiers du plâtre et de l’isolation (+ 32 %), des travaux publics (+ 26 %) et de l’électricité (+ 21 %) enregistrent la plus forte augmentation. Les charpentiers-menuisiers-agenceurs, couvreurs-plombiers-chauffagistes, électriciens et les métiers des travaux publics figurent parmi les métiers les plus représentés dans les formations à la prévention au regard de leur effectif de référence. Cela s’explique en partie par les risques inhérents à ces métiers et aux formations obligatoires nécessaires à l’activité de l’entreprise (habilitation électrique, autorisation de conduite d’engins, attestation de compétence pour l’utilisation d’échafaudages…).

Des disparités régionales qui perdurent

En 2016, les régions Grand-Est, Hauts-de-France, Normandie et Bretagne se démarquent et figurent parmi les régions les plus dynamiques. A contrario, et comme en 2015, l’Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Nouvelle Aquitaine montrent un dynamisme moins important.

Des leviers d’action identifiés

Comme pour les éditions précédentes, les travaux de l’observatoire ont permis d’identifier ou de valider plusieurs actions afin d’améliorer le suivi et l’impact des formations auprès des artisans du BTP :
– permettre aux chefs d’entreprise de mieux suivre les formations à la prévention en déployant des actions de promotion ciblée, avec une approche positive valorisant la prévention comme un levier de performance de l’entreprise et intégrant les compétences métiers ;
– développer les formations numériques et supports digitaux qui permettront aux participants de se former à leur rythme et aux entreprises de gagner du temps ;
– faciliter l’accès aux formations en les organisant au plus près des entreprises (en Capeb départementales par exemple) avec des horaires adaptés ;
– identifier les thèmes de prévention à mettre en avant auprès des entreprises, à savoir : les contraintes physiques, les chutes de hauteur, les produits dangereux.

Pour Patrick Liébus, président de la Capeb et de l’Iris-ST : « Cette nouvelle édition de l’Observatoire des formations à la prévention permet d’identifier très clairement le manque crucial de suivi de formations à la prévention par les chefs d’entreprise et conjoints non salariés. En effet, ils sont beaucoup moins nombreux que les salariés à se former à la prévention, alors que la sécurité des artisans est primordiale dans nos métiers. Nous devons donc créer les conditions favorables pour que les chefs d’entreprise n’arbitrent plus entre compétences techniques et sécurité. Enfin, la promotion des formations relatives aux manutentions manuelles doit être l’une de nos priorités alors que les mauvais gestes sont la cause d’un accident sur deux dans le BTP. »

Paul Duphil, secrétaire général de l’OPPBTP, commente : « La Capeb, la CNATP, l’Iris-ST et l’OPPBTP travaillent de concert depuis plusieurs années notamment pour promouvoir la formation auprès des entreprises artisanales. Cette nouvelle étude est encourageante puisque les indicateurs 2016 sont en hausse par rapport à 2015, cependant la formation des chefs d’entreprise reste encore insuffisante. Nous devons poursuivre nos efforts pour donner envie aux chefs d’entreprise de se former, développer des messages positifs valorisant les effets induits, plus particulièrement dans les entreprises artisanales. Les technologies digitales permettront sans aucun doute d’augmenter considérablement l’impact des messages de promotion en touchant de façon rapide, simple et efficace les chefs d’entreprise. »

Françoise Despret, présidente de la CNATP, ajoute: « Ces nouveaux résultats de l’Observatoire des formations à la prévention montrent que les chefs d’entreprise privilégient les formations techniques pour eux et les formations à la prévention pour leurs salariés. Ceci montre une attention forte aux enjeux de la prévention des artisans pour leur équipe. C’est un enjeu fort pour nos organisations professionnelles que de poursuivre l’effort de sensibilisation de nos collègues concernant leur sécurité et d’accompagnement pour mieux se former à la prévention. »