Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, a tenu une conférence de presse le 18 janvier pour présenter les enseignements de la dernière note de conjoncture, dresser un bilan de l’année 2022 et dessiner des perspectives pour 2023. Pour le Président : « Le ralentissement continu de la croissance doit être un sujet de préoccupation collectif. »

L’année 2022, marquée par la hausse brutale et continue du coût des matériaux de construction (+ 27 % entre janvier 2022 et janvier 2023), des prix de l’énergie (carburants, gaz, électricité…), ainsi que les difficultés d’approvisionnement, a plongé les entreprises artisanales du bâtiment dans une situation d’incertitude économique inédite.

Malgré une croissance globale dynamique (+ 2,4 % sur l’année), l’activité du secteur n’a eu de cesse de ralentir tout au long de l’année 2022. La croissance d’activité de l’artisanat du bâtiment est ainsi passée de 3,5 % au premier trimestre à 3 % au deuxième trimestre, avant de diminuer à hauteur de 2 % au troisième trimestre et de 1 % au dernier trimestre. Cette tendance est observable dans toutes les régions de France et pour tous les corps de métier.

Jean-Christophe Repon : « Nous attendons du Gouvernement une plus grande attention, une plus grande écoute. Le ralentissement continu de la croissance doit être un sujet de préoccupation collectif. Les entreprises que nous représentons sont, au regard de leurs multiples atouts, une chance pour notre pays. 2023 doit être l’année du passage à l’action. »

Des besoins de trésorerie plus nombreux

Les entreprises rapportant des besoins de trésorerie sont plus nombreuses (22 %) avec un montant moyen des besoins de 21 000 €, le solde d’opinion sur l’évolution des marges se dégrade de nouveau (s’établissant à – 42 points) et les défaillances accélèrent sur un an au troisième trimestre 2022 (+ 42,3 %). Hélas, ce ralentissement se poursuit début 2023, conformément aux prévisions de la Capeb qui anticipe une croissance probablement atone en conséquence du contexte dégradé.

Des avancées capitales obtenues pour préserver l’activité

Suivant de très près l’évolution de l’activité, la Capeb s’est montrée, très tôt, force de propositions pour maintenir l’activité des entreprises artisanales du bâtiment. Nombre d’entre elles se sont concrétisées grâce à la persévérance et à une écoute attentive du Gouvernement.

Ainsi, la Capeb peut mettre à son actif l’obtention de la mise en place d’un observatoire des prix des matériaux, la tenue des Assises du bâtiment, le lancement d’une mission de réflexion sur la transparence des prix pratiqués au sein de la filière du bâtiment par la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, le bouclier tarifaire pour les entreprises de moins de dix salariés ainsi que la création d’un mouvement sans précédent de solidarité économique réunissant 40 industriels et distributeurs autour des entreprises artisanales du bâtiment.

Pour autant, si des avancées sont notables, le mécontentement ne cesse de monter sur le terrain face à l’inertie et aux incohérences et à l’absence de résultats concrets pour leur quotidien. Ainsi, de nombreux chantiers sont restés en suspens : la simplification des dispositifs CEE et MaPrimeRénov’, l’expérimentation « les Accompagnateurs des pros » dans le cadre du programme Oscar. D’autres ont pris un chemin contraire à la décision annoncée conduisant à compliquer davantage le quotidien des entreprises : la demande de la Capeb de tout mettre en œuvre pour lutter contre la fraude des éco-délinquants s’est traduite sur le terrain par un renforcement des contrôles sur les entreprises vertueuses. Celle visant à simplifier le dispositif MaPrimeRénov’ s’est traduite par un rallongement invraisemblable du délai de paiement qui pénalise tant les entreprises que leurs clients.

Jean-Christophe Repon, président de la Capeb : « Le nombre de décisions annoncées qui ne sont toujours pas mises en application est inadmissible et nuit à notre activité. En tant que première organisation professionnelle en termes d’adhérents (61 000), nous sommes en prise direct avec le terrain et les propositions que nous portons répondent directement aux besoins que nous expriment nos entreprises. Toute l’année, nous avons alerté, interpellé sur la situation inquiétante que nous traversions. Nos prévisions se sont révélées exactes, la croissance de notre activité n’a cessé de ralentir pour terminer sur un bilan presque atone. Nous sommes à un tournant, nous demandons au Gouvernement des actes. »

 

Objectif 2023 : retrouver de la sérénité

2023 s’ouvre sur une première victoire en matière de réforme des retraites puisque les lignes rouges que la Capeb a portées avec l’U2P dans le cadre du projet de réforme ont globalement été prises en compte, et elle saura être vigilante quant à leur application. L’année s’annonce malgré tout pleine d’incertitudes et d’inquiétudes.

Les batailles à mener pour maintenir et redresser la croissance de la filière restent nombreuses et seront au premier plan de l’action de la Capeb. Des propositions très concrètes sont d’ores et déjà sur la table à commencer par celles qui permettront de booster la rénovation énergétique :

  • faciliter la mise en œuvre des groupements momentanés d’entreprises (GME) pour les artisans du BTP afin qu’ils accèdent à des travaux de plus grande ampleur et répondre aux attentes des clients sur la rénovation énergétique globale ;
  • généraliser la TVA à 5,5 % à l’ensemble des travaux de rénovation ;
  • créer un prêt garanti « vert » en trois clics pour financer l’investissement colossal que demande la rénovation énergétique.

Outre ces premières propositions, la Capeb restera mobilisée sur deux questions sociales majeures :

  • la représentativité patronale, sujet qui reste crucial pour la reconnaissance des entreprises artisanales du bâtiment ;
  • la représentativité des organisations de salariés pour un dialogue social apaisé dans le secteur du bâtiment.

Jean-Christophe Repon : « On est à un tournant d’importance, à la veille peut-être d’une récession. Si les administrations centrales ne se posent pas les bonnes questions, il sera très difficile de relever les défis et de permettre la poursuite de l’activité des entreprises. »

 

Une année 2023 ponctuée de grands temps forts

 

Enfin, 2023 sera aussi une année riche en temps forts. La Capeb organisera plusieurs grands rendez-vous incontournables qui placeront au cœur des débats le rôle incontournable de l’entreprise artisanale du bâtiment :

  • le 2 février: les rencontres sur l’indispensable alliance entre la génération Z et les entreprises artisanales du bâtiment ;
  • le 16 février: les rencontres sur l’affirmation du rôle des entreprises artisanales du bâtiment dans la rénovation du patrimoine ;
  • le 14 avril: le Congrès de la Capeb qui valorisera le rôle sociétal de l’entreprise artisanale du bâtiment et sa pertinence comme modèle d’avenir ;
  • le 24 mai: les rencontres autour de l’enjeu de la rénovation des bâtiments ;
  • les 20, 21 et 22 juin: les Journées professionnelles de la construction (JPC) à Lille ;
  • les 12 et 13 septembre: le salon Renodays.

Si 2022 a été une année particulièrement difficile pour les entreprises artisanales du bâtiment qui ont évolué dans un contexte tendu mettant à rude épreuve leur capacité de résilience, des actions décisives ont été menées par la Capeb pour préserver l’activité du secteur. En 2023, la Confédération entend poursuivre sa forte mobilisation avec un mot d’ordre : permettre à ses 61 000 entreprises adhérentes de retrouver de la sérénité dans l’exercice de leur métier.