Président de la Capeb de 1982 à 1993, Paul Letertre s’est éteint le 15 août 2025 à l’âge de 96 ans. Homme de terrain devenu figure nationale, il a transformé l’organisation en une force reconnue, inscrivant les artisans du bâtiment dans le dialogue social et renforçant leurs droits.
Maçon à Oudon, modeste bourg ligérien, Paul Letertre codirigeait avec son frère une entreprise d’une dizaine de compagnons. Le 12 mars 1982, à 52 ans, il succède à Paul Martel à la présidence de la Capeb et prononce ces mots simples : « Je suis un nouveau maillon dans la chaîne des présidents. Je n’ai comme ambition que d’être votre porte-parole et le gardien de votre unité. » Toute sa présidence tenait déjà dans cette phrase.
Un artisan du dialogue
Sous sa gouvernance, la Capeb franchit des étapes décisives : création du statut du conjoint d’artisan (1982), reconnaissance de l’UPA comme organisation patronale (1983), cotisation obligatoire pour la formation continue (1985), protection contre la faute inexcusable de l’employeur (1987), sans oublier la convention historique signée avec Martine Aubry contre le travail clandestin.
Paul Letertre n’était pas un tribun flamboyant mais un artisan du dialogue. Sa force tenait à son calme, sa constance, son humanité. Fidèle à ses repères – la famille d’abord, l’entreprise ensuite, le syndicalisme enfin – il sut allier exigence et bienveillance, audace et prudence.
Il laisse aux artisans plus que des conquêtes sociales : une reconnaissance, une dignité, une place dans la République. Il restera ce maçon de conviction qui savait qu’ériger un mur ou défendre un droit constituaient au fond une seule et même œuvre : bâtir un avenir solide pour les siens.
Dominique PARRAVANO




















