Cette nouvelle fonderie, qui a vu le jour en Vendée à l’initiative des familles Corre et Liébot, est tout simplement la première en France à intégrer le traitement des déchets d’aluminium sur site.
Des cylindres de plus de cinq mètres de long, lisses et droits, appelés billettes, sont entreposés devant un site industriel flambant neuf à Saint-Jean-d’Hermine (85), en plein cœur de la Vendée. Ce mardi 16 septembre, plus d’une centaine de personnes sont présentes pour contempler le résultat de ce projet de fonderie aluminium bas carbone porté par deux familles spécialisées dans l’aluminium : les Liébot, du Groupe Liébot, à la tête entre autre de la marque de menuiseries K-Line, et les Corre, du groupe Fineiral, spécialisé dans l’extrusion de l’aluminium. En 2022, il n’y avait qu’une signature. Trois ans après et 42 millions d’euros investis, c’est l’ouverture de la première fonderie d’aluminium qui intègre le traitement des déchets sur site.

Recycler l’aluminium fin de vie
« Certains acteurs du secteur disaient qu’on était fous, se remémore le directeur des achats du groupe Liébot et directeur général de Liébot Industrie Christian Chevrel. Nous fabriquons les menuiseries et les profilés, mais la production d’aluminium et, surtout, son recyclage, ce sont des métiers totalement différents ! » Si fondre l’aluminium ne pose donc pas de problématiques technologiques, c’est bien l’intégration de matières provenant des déchets qui est complexe, puisque plastiques, colles, laques et autres matières altérant la qualité de l’aluminium s’y trouvent. On parle alors d’aluminium de fin de vie (profilés de fenêtres, portes, etc.) ou d’aluminium laqué. En amont donc, c’est avec une grande précision que sont entreposées les matières que les recycleurs traditionnels ne peuvent pas traiter et acheminent. « C’est important de préciser que nous n’avons pas vocation à remplacer les recycleurs, tient à ajouter Christian Chevrel. Nous leur offrons avant tout un moyen de vendre les matières collectées qu’ils ne peuvent pas traiter. » Coralium rachètera donc l’aluminium fin de vie aux collecteurs pour lui donner une seconde vie.

1,67 kg de CO2 contre 5,8 kg
Ainsi, après un procédé de fabrication bien huilé (voir ci-dessous), ce sont 26 000 tonnes de billettes d’aluminium bas carbone qui sortiront de l’usine et jusqu’à 40 000 lorsque la fonderie fonctionnera à plein régime en 2027. Pour donner un ordre de grandeur, 30 000 tonnes de billettes aluminium permettent de fournir l’intégralité de la production des deux groupes. Pour ce qui est des 10 000 tonnes restantes à l’avenir, elles seront vendues à d’autres industriels. Un sérieux atout concernant la décarbonation, puisqu’une billette Coralium R80 pèse 1,67 kg de CO2 par kilo d’aluminium, contre 5,8 kg pour une billette sans matière recyclée, soit une baisse de 70 %. « Nous intégrons 80 % d’aluminium recyclé, mais nous sommes capables d’atteindre les 100 % », précise Christian Chevrel.
Un enjeu stratégique
Pour le directeur des activités amont du Groupe Liébot, garder sur le sol français des déchets aluminium de qualité bâtiment est un enjeu stratégique et économique. Au lieu d’être broyé puis traité dans d’autres pays comme les États-Unis, « nous gardons une matière difficilement transportable en l’état sur le territoire, une matière qui se recycle à l’infini », précise Christian Chevrel. En effet, l’aluminium, s’il est bien trié et traité, peut redevenir une billette indéfiniment. Avec ce site de 9 600 m2 qui comporte 750 m2 de bureaux attenants, Coralium compte bien devenir le centre névralgique de l’aluminium bas carbone en France.
C’est quoi une billette ?
Il s’agit d’un bloc d’aluminium cylindrique destiné à l’extrusion de profilés aluminium.
Le Groupe Liébot
ETI familiale vendéenne aux 790 millions d’euros de chiffre d’affaires et 3 700 salariés, le Groupe Liébot est spécialisé dans la menuiserie aluminium à travers ses marques K-Line (fenêtre industrielle aluminium), Wibaie (PVC et aluminium), MéO (bois/aluminium), etc. Il détient aussi Ouest Alu, spécialisé dans la façade aluminium.
Le Groupe Fineiral
L’entreprise familiale s’organise autour de trois métiers : l’extrusion des profilés aluminium pour le bâtiment et l’industrie (Alumina), le thermolaquage de l’aluminium (Reinal), et les services et la logistique (Algis). Le groupe réalise 50 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 150 salariés.




















