Pour favoriser la reprise des petites entreprises artisanales en voie de transmission, la Capeb nationale encourage ses antennes locales à nouer des accords avec les associations d’Initiative France, expertes en accompagnement et financement de dirigeants.
Le 20 mai dernier, les locaux de la Capeb Maine-et-Loire, près d’Angers, étaient en effervescence. Parmi la foule, Jean-Christophe Repon, président de la Capeb nationale, et Guillaume Pepy, président d’Initiative France. Tous deux avaient fait le déplacement pour assister à un moment clé : la signature du partenariat entre la Capeb départementale et Initiative Anjou.
Un enjeu crucial, comme le souligne Christelle Delouche, présidente de la Capeb Maine-et-Loire : « Près de 20 % de nos adhérents ont plus de 55 ans. Il va falloir penser à la relève. »
L’objectif de ce partenariat : faciliter la transmission d’entreprise grâce à l’expertise d’Initiative France, un réseau qui accompagne les futurs dirigeants, du montage du projet à l’obtention de prêts d’honneur à taux zéro.
Mieux accompagner
En France, 26 Capeb départementales ont signé une convention avec une structure locale d’Initiative France et 27 autres sont en cours de discussion. « Il s’agit de conventions qui servent, avec des répercussions concrètes sur les territoires et les petites entreprises », a rappelé Jean-Christophe Repon. Dans le bâtiment, « ce sont 3 500 entreprises qui ont été accompagnées et ce sont près de 1 000 emplois créés ou sauvés par semaine tous secteurs confondus », a abondé Guillaume Pepy. Ce partenariat vise à renforcer les synergies existantes. « Nous allons désormais siéger dans les comités d’agrément qui examinent les dossiers du bâtiment, explique Christelle Delouche. Initiative France va nous apporter son expertise économique, en complément de notre appui juridique en matière de transmission. Et nous pourrons mobiliser nos adhérents pour du parrainage, un levier très précieux. »
Transmission gagnante
En dehors des prêts à taux zéro qu’offre Initiative France, considérés comme de l’apport par les banques et fortement appréciés par ces dernières lors d’une reprise, le parrainage est central dans le système d’Initiative France.
Parmi les réussites, celle de François Bertaud est exemplaire. Repreneur en 2020 de l’entreprise de maçonnerie Trahay à Sainte-Gemmes-sur-Loire, il témoigne : « Grâce au soutien de mon parrain, j’ai pu structurer la gestion et prendre du recul. » Depuis, la TPE est passée de 12 à 36 salariés et affiche un chiffre d’affaires d’un million d’euros.
Sa conjointe Mathilde, chargée de la gestion, ajoute : « On envisage maintenant d’acheter un terrain et de construire un nouveau bâtiment, car nos locaux sont devenus trop petits. »
Des parcours comme celui-ci, Initiative France en recense des centaines. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : « 91 % des entrepreneurs accompagnés par Initiative France sont encore en activité au bout de trois ans, contre 50% lorsqu’ils ne sont pas accompagnés », précise Guillaume Pepy.
C’est donc dans le but de multiplier ces réussites que Jean-Christophe Repon souhaite étendre ces partenariats à l’ensemble des Capeb départementales : « Initiative France partage les mêmes valeurs que nous. Ensemble, nous faisons plus que de la transmission d’entreprise : nous bâtissons des avenirs. »
Les chiffres d’Initiative France
– 86 % des entrepreneurs avaient déjà une expérience dans le bâtiment (vs 68 % tous secteurs confondus)
– 94 % se disent heureux dans leur vie professionnelle (vs 91 %)
– 57 % sont satisfaits de leur rémunération (vs 41 %)
– 73 % sont satisfaits de leur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle (vs 66 %)
Source : Enquête de décembre 2024 auprès de 138 entrepreneurs du bâtiment soutenus par Initiative France
Le témoignage de François Bertaud, dirigeant de l’entreprise de maçonnerie Trahay

« En 2020, nous avons repris cette entreprise de maçonnerie créée en 1987. Le gérant, qui partait à la retraite, cherchait un repreneur. Après avoir passé un an dans la société avec lui, je l’ai rachetée, accompagné par Initiative France. Cela m’a permis d’obtenir 30 000 euros de prêt à taux 0, considéré comme de l’apport par les banques et d’être suivi par un parrain. J’étais avant tout attiré par la liberté d’entreprendre et je ne regrette pas mon choix, même s’il faut avouer que la reprise d’une entreprise, c’est comme un Kinder Surprise : on ne sait pas vraiment ce qu’il y a dedans. Et le fait d’avoir un parrain qui nous suit nous a beaucoup aidés, car lorsqu’on devient chef d’entreprise, on ne maîtrise pas tout. Il faut vite régler la guitare, notamment avec les salariés, qui peuvent être déboussolés par les changements. Mais en reprenant une entreprise existante, j’ai pu profiter de dix mois de carnets de commandes pour me lancer et j’ai gardé le nom, qui avait déjà une certaine notoriété. Aujourd’hui, avec ma femme, gestionnaire de l’entreprise, nous avons dix salariés, contre quatre au départ et avons réalisé près d’un million d’euros de chiffre d’affaires en 2024. Notre carnet de commandes est plein pour l’année 2025, et nous recherchons un chef d’équipe ainsi qu’un chargé d’étude. »
Légende photo artisans : François Bertaud, dirigeant de l’entreprise Trahay, et sa femme, gestionnaire, Mathilde Bertaud