Le projet de loi Immigration, en débat, fait couler beaucoup d’encre. Dans ce brouhaha médiatique, nous avons demandé à Corine Postel, première vice-présidente de la Capeb, de nous préciser la position et les attentes de la Capeb vis-à-vis de ce texte. Si par son entremise la Capeb rappelle qu’elle n’a jamais demandé un projet de loi de cette nature, elle souhaite cependant, maintenant qu’il est en débat, que les règles qui seront définies soient particulièrement claires et protectrices pour les chefs d’entreprise qui se feraient duper.

©Seignette Lafontan

Le Bâtiment Artisanal : Corine Postel, rappelez-nous la position de la Capeb sur le projet de loi Immigration actuellement en débat au Sénat.

Corine Postel : Comme nous ne cessons pas de l’affirmer depuis le 24 février, la Capeb, première organisation patronale représentant les entreprises artisanales du bâtiment, n’a jamais sollicité des Pouvoirs publics les mesures qui figurent dans le projet de loi Immigration. Certains l’ont peut-être pensé, mais c’est une erreur. Je tiens également à souligner que la main-d’œuvre étrangère n’est pas un problème pour nos entreprises. Il est évident que les travailleurs étrangers, en situation régulière, peuvent nous aider à répondre à nos besoins ponctuels de main-d’œuvre.

Le B.A. : Quel est le rôle des entreprises artisanales du bâtiment en termes d’accueil des travailleurs étrangers ?

C.P. : Les entreprises artisanales du bâtiment ont, de tout temps, été des acteurs importants d’insertion professionnelle et sociale de travailleurs étrangers. Les entreprises artisanales du bâtiment le font naturellement et de longue date. Ce faisant, elles prennent soin de mettre en place des parcours d’insertion pour ces travailleurs. Et lorsqu’elles parviennent à aider tel ou tel travailleur étranger à s’intégrer dans la société grâce à son travail, sa personnalité… c’est un réel motif de satisfaction pour le chef d’entreprise. Non seulement il est parvenu à répondre à son besoin de main-d’œuvre, mais en plus, il l’a fait avec cœur. J’insiste sur la dimension humaine de nos entreprises. J’en profite aussi pour rappeler le rôle important de notre organisation professionnelle en matière de parcours d’intégration par le travail, respectueux des personnes et de leurs droits fondamentaux. La Capeb y a beaucoup œuvré.

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Le B.A. : Qu’attendez-vous de ce projet de loi ? Quelles préconisations formulez-vous ?

C.P. : Dans le cadre des débats sur le projet de loi Immigration, je rappelle la nécessité d’un texte finalisé dont la rédaction se devra d’être simple et claire pour les chefs d’entreprise. Il est impératif que les mesures envisagées soient cohérentes et compréhensibles tant pour le chef d’entreprise que pour le travailleur.

Autre impératif, ce texte doit être protecteur pour les entreprises qui intègrent ces travailleurs, en particulier pour les petites entreprises. Si d’aventure, il s’avérait que tel ou tel travailleur étranger était en situation irrégulière, mais qu’il a été embauché en présentant de faux papiers, nous ne voulons pas être tenus pour responsables. Il ne nous appartient pas d’être experts en document d’identité. Ce n’est pas notre rôle. En tout état de cause, la responsabilité de l’obtention ou non d’un titre de séjour ne doit en aucun cas peser sur le chef d’entreprise.